Une pédiatre consacre sa carrière à la réduction de la mortalité néonatale dans le monde
La Dre Nalini Singhal est la lauréate du Prix Teasdale-Corti d’action humanitaire 2022 du Collège royal.

Dre Nalini Singhal (photo soumise)
Comme le dit le proverbe, ça prend un village pour élever un enfant… ça prend aussi une équipe bien formée pour bien prendre soin d’un nouveau-né. C’est cette conviction qui a motivé la carrière de la Dre Nalini Singhal, FRCPC, professeure de pédiatrie à la Cumming School of Medecine de l’Université de Calgary — une carrière pendant laquelle elle a permis à d’innombrables nouveau-nés de vivre plus longtemps et en meilleure santé.
Afin de reconnaître les décennies de travail que la Dre Nalini Singhal a consacrées à la survie des nouveau-nés partout dans le monde, le Collège royal lui décerne le prix Teasdale-Corti d’action humanitaire 2022. Ce prix est remis aux médecins qui ont fait des sacrifices tout à fait exceptionnels, bien souvent en s’exposant personnellement à des risques. Les lauréats et lauréates nourrissent l’espoir en offrant des services de santé à des populations où l’accès aux soins est limité.
Aider les bébés à respirer : une approche qui s’enseigne
La Dre Singhal a collaboré, avec des collègues de l’American Academy of Pediatrics, à la création du programme Aider les bébés à respirer (Helping Babies Breathe; HBB), un programme de formation sur la réanimation des nouveau-nés qui a été déployé dans plus de 90 pays et a permis de sauver de nombreux nouveau-nés de l’asphyxie périnatale, l’une des principales causes de décès chez les nouveau-nés. Lancé en 2010, le programme HBB a sauvé plus d’un enfant au cours des douze dernières années. La Dre Singhal a également formé des médecins et du personnel infirmier pour qu’ils puissent eux-mêmes donner la formation dans leur propre pays.
« La Dre Singhal est une pionnière mondiale dans l’élaboration et la mise en œuvre de programmes visant à réduire les taux de mortalité néonatale dans le monde », écrit le Dr Jean-François Lemay, FRCPC, un collègue pédiatre du développement de la Cumming School of Medecine qui a proposé sa candidature pour le prix. « Pour reprendre ce qu’elle a dit il y a quelques années : “Les taux de mortalité chez les nouveau-nés dans le monde n’ont presque pas changé depuis un bon moment, même si les taux de mortalité infantile, eux, ont diminué. Nous savons que cela est sûrement dû à la mauvaise réanimation des bébés; nous avons donc décidé de créer un projet simple et réalisable qui peut être enseigné à d’autres.” Cet énoncé montre l’approche flexible et terre-à-terre de la Dre Singhal. »
Au cours de ses deux premières années d’existence, le programme HBB a servi à former 100 000 professionnels de la santé. « Durant cette période, plus de 82 000 ballons-masques, 93 000 poires à succion et 23 000 mannequins de nouveau-né ont été distribués et dix pays ont mis au point un plan national d’enseignement du programme HBB et de prestation de services », a écrit le Dr Jon Meddings, FRCPC, doyen de la Cumming School of Medecine, dans sa lettre de soutien.
De nouveaux programmes et une application à grande échelle
Après le lancement du programme HBB, la Dre Singhal a travaillé au développement de programmes complémentaires, y compris le programme Soins essentiels pour tous les bébés.
« Tandis que le programme HBB s’attaque au problème de l’asphyxie périnatale, le programme Soins essentiels pour tous les bébés porte sur l’examen, la prévention des infections et l’administration de vitamine K pour prévenir les décès par hémorragie chez les nouveau-nés. [Il traite également de] la vaccination, l’allaitement et la préparation au congé et comprend un pictogramme pour aider les parents à reconnaître les signes de danger et savoir quand demander de l’aide », écrit le Dr Meddings.
Au fil du temps, ces programmes ont connu un succès tel que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) les a adaptés et mis en œuvre sous sa bannière, avec la participation de la Dre Singhal.

Soins prodigués à des jumeaux prématurés dans le cadre du programme Kangaroo Mother Care avec l’aide d’infirmières à Mwanza, en Tanzanie (photo soumise).
La Dre Singhal a par la suite mis sur pied le programme Kangaroo Mother Care — une méthode de soins pour les bébés prématurés et de petite taille axée sur le contact peau à peau, habituellement avec la mère — en Tanzanie, en Ouganda, en Éthiopie, au Bangladesh et dans d’autres pays.
« Pour mettre en œuvre les programmes, il a fallu la même considération et les mêmes approches fondées sur des données probantes que pour la création des premiers programmes, précise le Dr Meddings. Pour cela, Nalini a aidé à instaurer le programme Healthy Child Uganda dans plusieurs districts de la communauté. Le tout a commencé avec une petite subvention de 75 000 $, puis Affaires mondiales Canada a octroyé un financement de 3,4 millions de dollars pour la mise en œuvre d’un programme complet pour les soins maternels, néonataux et infantiles dans la communauté, les centres de soins de santé et les hôpitaux. »
Ces programmes ont été largement adoptés à travers le monde et la Dre Singhal s’est donné comme priorité de diffuser à grande échelle ses recherches et ses expériences. « Les statistiques associées à ses publications examinées par des pairs sont impressionnantes, comptant 6 074 citations, fait remarquer le Dr Meddings. Lorsque possible, elle a opté pour des revues en accès libre pour que les personnes avec qui elle travaille à l’étranger et d’autres communautés dans le monde puissent consulter ses travaux. »
Une mission altruiste
La Dre Singhal fait preuve d’un dévouement et d’une résilience remarquable face à sa mission. « Elle a continué de travailler bien après l’âge de la retraite, se rendant dans des régions éloignées d’Afrique et d’Asie où les soins de santé sont limités et où les risques pour sa propre sécurité doivent être surveillés de près », écrit le Dr Khalid Aziz, FRCPC, pédiatre de l’Université de l’Alberta.
« Nalini est une personne de terrain », écrit la Dre Jenn Brenner, FRCPC, professeure de pédiatrie à la Cumming School of Medecine, dans sa lettre de soutien. « Elle a voyagé très loin et dans bon nombre de communautés difficilement accessibles, améliorant sa compréhension des obstacles rencontrés dans différents contextes afin de mettre au point de nouvelles adaptations et s’assurer qu’“aucun nouveau-né n’est oublié”. Elle prend toujours le temps d’écouter, d’observer et de consulter les professionnels de la santé, motivant les cliniciens dans les régions éloignées et à faibles ressources grâce à sa passion, son souci de l’autre et son temps, et assurant toujours un suivi, comme promis. »
Certains collègues ont également souligné l’humilité et la générosité de la Dre Singhal. « Elle ne veut ni ne demande la reconnaissance », nous fait part le Dr Shoo K. Lee, FRCPC, professeur émérite à l’Université de Toronto. « Elle veut vraiment aider les personnes défavorisées et sans moyens. Il est rare de travailler avec une personne aussi généreuse de son temps et qui demande si peu. »