Une attente récompensée : le docteur Borsuk dirige l’équipe chirurgicale ayant réalisé la première greffe de visage au Canada
La nouvelle a fait les manchettes d’un bout à l’autre du pays : la première greffe de visage au Canada. Le chemin menant à cette intervention a été long : 5 ans de préparation, 30 heures d’exécution et la participation de plus de 100 personnes.
Bien que l’allogreffe de tissus composites vascularisés soit une intervention qui existe depuis plus de 10 ans, elle demeure peu utilisée et relativement nouvelle dans le domaine de la transplantation. Elle a seulement été exécutée environ 40 fois au cours des 13 dernières années, en grande partie en raison des complexités inhérentes à ce type d’intervention. Les quelques équipes dans le monde qui pratiquent ce type de chirurgie sont toutes en contact, impatientes de tirer profit de leurs expériences respectives afin de rendre cette intervention plus sûre et d’en maximiser les bienfaits pour le patient.
Daniel Borsuk, MD, FRCSC, chirurgien plasticien à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont à Montréal, a dirigé l’équipe de neuf chirurgiens qui a réalisé cette première canadienne. Il souligne qu’une planification minutieuse est à l’origine de leur succès.
« Il y a eu un plan B, puis un plan C, D, E, F et G », affirme-t-il en riant.

Le Dr Daniel Borsuk
Le Dr Borsuk a effectué sa formation à l’Université Johns Hopkins de Baltimore ainsi qu’à l’Unité de traumatologie de l’Université du Maryland. En 2012, il a participé à une transplantation faciale qui a duré 36 heures. Il s’agissait de la greffe de ce type la plus étendue jamais exécutée. Lorsqu’il est revenu au Canada la même année, il était convaincu que les Canadiens devaient également avoir accès à de nouvelles formes de transplantation : membres supérieurs et visage.
Le Dr Borsuk a passé des années à constituer son équipe à Montréal et a collaboré avec Transplant Québec pour trouver un donneur dont la couleur de la peau, les dimensions osseuses et beaucoup d’autres paramètres physiques étaient compatibles avec ceux du patient, et obtenir le consentement requis. Il souligne le besoin existant pour ce type de chirurgie, les bienfaits que les patients en retirent ainsi que les nouvelles possibilités de recherche qui en découlent, et a obtenu du soutien à cet égard à l’échelle fédérale, provinciale et locale.
« C’est une chose de réaliser une greffe de visage. C’en est une autre d’en réaliser une qui soit une réussite et qui concrétise tous nos objectifs de restaurer l’esthétique et la fonction. Ce processus aura duré cinq ans, mais je pense que nous avons finalement réussi à mettre au point un plan qui est aussi proche que possible de la perfection pour ce type de transplantation. »
Le Dr Borsuk confirme que d’autres patients sont en train d’être évalués en vue de recevoir une greffe de visage.


M. Maurice Desjardins, le greffé du visage, avant et après l’intervention – vues de face et de profil (photos : Dr Daniel Borsuk)
En savoir plus sur cette chirurgie novatrice
- The face of a stranger (Le visage d’un étranger), CBC News – Interactive (12 sept. 2018)
- Man risks his life to undergo Canada’s first face transplant (Un homme risque sa vie pour subir la première greffe du visage au Canada), vidéo de CBC News. (12 sept. 2018)
- Canada’s first face transplant (Première greffe du visage au Canada), National Post (12 sept. 2018)
- His face was severely damaged on a hunt. Now he’s the world’s oldest face transplant recipient (Défiguré à la suite d’un accident de chasse, il est maintenant le greffé du visage le plus âgé du monde), Washington Post. (14 sept. 2018)