Un traitement futuriste par réalité virtuelle qui s’annonce prometteur

Le 10 octobre 2018 | Auteur : Personnel du Collège royal
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Imaginez que vous deviez affronter vos démons dans la réalité. Pour certains patients, c’est littéralement ce qu’une nouvelle forme de thérapie par réalité virtuelle leur permet de faire.

L’homme derrière cette nouvelle méthode de traitement, Alexandre Dumais, MD, FRCPC, est chercheur et psychiatre à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal. Le Dr Dumais utilise la réalité virtuelle pour aider les patients atteints de schizophrénie résistante au traitement. Composé d’environ neuf séances, ce traitement combine des techniques de thérapie cognitivo-comportementale (TCC) utilisées habituellement pour la psychose et une nouvelle forme de thérapie basée sur les avatars.

Le Dr Alexandre Dumais

Le Dr Alexandre Dumais

Les patients qui y participent sont ceux qui n’ont pas obtenu de réponse satisfaisante aux médicaments antipsychotiques. Ce nouveau traitement leur permet de confronter directement leur persécuteur sous la forme d’un avatar, qui est modélisé à partir des voix qu’ils entendent. Équipé de lunettes de réalité virtuelle, le patient interagit avec le Dr Dumais dans le rôle de son avatar — habituellement un démon. Le dialogue est construit à partir des hallucinations rapportées par le patient.

« Le recours à un avatar permet de créer des mécanismes d’adaptation, mais l’approche est réellement différente parce qu’elle est empirique. Le patient vit son émotion, et il la vit sur-le-champ. L’avatar lui dit “tu es un imbécile”, ce à quoi le patient répond “je sens que je suis un imbécile. Je ne vaux rien”. Et nous travaillons sur ce problème immédiatement. »

Le logiciel utilisé pour créer les avatars (photo : Dr Alexandre Dumais)

Le logiciel utilisé pour créer les avatars (photo : Dr Alexandre Dumais)

Le Dr Dumais s’est inspiré des travaux d’un psychiatre londonien, le Dr Julian Leff, qui a révolutionné le traitement des hallucinations réfractaires grâce à la réalité virtuelle. Le Dr Dumais a adapté ce traitement en remplaçant l’interface bidimensionnelle par un environnement tridimensionnel (3D) de sorte que les patients se retrouvent complètement immergés dans l’expérience.

« Au départ, il n’a pas été facile d’obtenir le financement et l’approbation pour ce traitement parce qu’il est tout à fait différent de ce qui se fait habituellement en psychiatrie », explique le Dr Dumais.

Il nous a fallu environ cinq ans pour mettre au point cette méthode. Le traitement du premier patient a commencé en 2015. Les résultats de la première phase de ce projet pilote ont fait l’objet d’une publication dans Schizophrenia Research. La deuxième phase du projet sera achevée vers la fin de l’année. La troisième et dernière phase, un essai clinique à répartition aléatoire et à simple insu, financé par une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada, débutera l’an prochain.

Le Dr Dumais teste l’hypothèse selon laquelle la thérapie par avatar est supérieure aux méthodes classiques de traitement de la schizophrénie résistante. Même s’il concède que ce traitement ne convient pas à tout le monde, il a transformé la vie de certains patients.

« Nous avons obtenu d’excellents résultats chez certains patients qui, avant cela, ne travaillaient pas, et qui depuis ont repris leurs études et trouvé un emploi. Ce traitement peut changer des vies. Selon l’un de mes collègues, la thérapie par avatar sera la prochaine génération de TCC. Nous n’en sommes qu’au début. »

Un patient dans une salle de thérapie (photo : Dr Alexandre Dumais)

Un patient dans une salle de thérapie (photo : Dr Alexandre Dumais)


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