Un clinicien-chercheur souhaite introduire trois nouvelles thérapies dans l’UNSI

Le 12 octobre 2021 | Auteur : Personnel du Collège royal
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Lorsque le Collège royal lui a décerné le titre d’Associé en 2010, Bernard Thébaud, MD, FRCPC, a senti qu’il s’était taillé une place au Canada comme clinicien-chercheur éminent. « L’obtention de ce titre était pour moi une reconnaissance de mes compétences en tant que spécialiste et a grandement renforcé ma confiance en moi », confie le Dr Thébaud, Associé depuis maintenant 10 ans.

Dr Bernard Thébaud (crédit : L’Hôpital d’Ottawa)

Engagement envers la recherche

Originaire de France, le Dr Thébaud a émigré au Canada lorsqu’il a découvert que l’infrastructure de recherche du pays lui permettrait d’atteindre ses objectifs de carrière. « Au Canada, les cliniciens-chercheurs disposent de temps protégé pour faire de la recherche, ce qui n’est pas le cas en France, explique-t-il. J’ai ainsi pu faire des progrès très intéressants. »

Très intéressants, en effet. Depuis le début des années 2000, le Dr Thébaud a beaucoup contribué à améliorer la santé des poumons et des organes chez les prématurés, d’abord dans le cadre d’une bourse de recherche postdoctorale à l’Université de l’Alberta et ensuite, comme clinicien‑chercheur explorant le potentiel de réparation des cellules souches et d’autres traitements de la pneumopathie du nouveau-né.

Il a reçu de nombreux prix, dont celui de meilleure recherche canadienne sur la santé de l’enfant de Sanofi Pasteur en 2007 et celui de l’étoile montante en recherche périnatale des Instituts de recherche en santé du Canada en 2008. Il a été titulaire d’une chaire de recherche du Canada de 2005 à 2012 et est actuellement titulaire de la chaire de recherche en partenariat sur la médecine régénérative de l’Université d’Ottawa. Le Dr Thébaud a publié 120 articles révisés par des pairs et a présenté plus de 80 conférences au cours des 5 dernières années seulement.

Redéfinition des objectifs

Le Dr Thébaud est actuellement néonatologiste à l’Hôpital d’Ottawa et au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, chercheur principal à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa, et professeur à l’Université d’Ottawa. Extrêmement curieux et intellectuel de nature, le Dr Thébaud a restreint ses objectifs de recherche en 2004 à la suite d’une conversation difficile. « J’ai dû dire à une mère accablée de chagrin que, malgré des recherches prometteuses en laboratoire sur la régénération des poumons endommagés, je n’avais aucun traitement pour sauver la vie de son bébé prématuré. »

Ce jour-là, la mère lui a demandé s’il pouvait faire quelque chose pour son bébé. La réponse était non. « Ce fut une expérience frustrante, qui a changé la donne pour moi », explique le Dr Thébaud. Il a alors décidé qu’il ne ferait des recherches en laboratoire dans un domaine, aussi intéressant et intellectuellement stimulant qu’il puisse être, que si ses découvertes avaient le potentiel d’être transposées dans le contexte clinique dans un délai de 5 à 10 ans. « À mon avis, la recherche n’a pas vraiment d’importance si elle n’a pas d’impact clinique. »

Utilisation de cellules souches pour réparer des organes

L’une des recherches prometteuses du Dr Thébaud, intitulée « Thérapies cellulaires néonatales innovatrices pour la dysplasie bronchopulmonaire (DBP) : transposer plus rapidement les découvertes de la recherche » ou incubateur en abrégé, consiste à utiliser des cellules stromales mésenchymateuses (CSM), un type de cellules souches, pour réparer des organes endommagés chez les prématurés. « Les bébés nés trop tôt peuvent développer toutes sortes de problèmes, notamment la dysplasie bronchopulmonaire, qui survient lorsque les poumons ne sont pas suffisamment formés, » précise le Dr Thébaud. Ces dommages peuvent avoir des conséquences permanentes, comme une fonction pulmonaire altérée, de l’asthme, un vieillissement prématuré des poumons et de l’hypertension pulmonaire.

Dans les études menées sur des animaux, des CSM ont été injectés pour réparer des organes endommagés, et la procédure s’est révélée très prometteuse. Le Dr Thébaud a récemment entamé des essais cliniques de phase I des CSM chez les prématurés.

Thérapie génique pour une maladie pulmonaire mortelle

Dans le cadre d’un deuxième axe de recherche, le Dr Thébaud et ses collègues ont également développé une thérapie qui consiste à remplacer un gène muté associé au déficit en protéine B du surfactant. Substance essentielle au fonctionnement des alvéoles, le surfactant combat les bactéries et les virus. En son absence, les poumons s’affaisseront. Il n’existe pour le moment aucun remède pour soigner les bébés nés avec un déficit en protéine B du surfactant. La plupart d’entre eux meurent dans les premières semaines.

Des études sur des souris ont révélé que cette thérapie génique peut grandement augmenter l’espérance de vie. Sans elle, les souris ayant un déficit en protéine B du surfactant vivent de trois à cinq jours; celles qui la reçoivent vivent quant à elles 200 jours. « L’équivalent chez l’homme serait de quelques semaines sans la thérapie génique à environ 20 ans avec la thérapie, précise le Dr Thébaud. Nous ne pouvons toutefois être certains que le rapport sera le même que chez les souris, mais les études sont prometteuses. »

Bien que de nombreuses questions demeurent sur l’efficacité à long terme de la thérapie génique, le Dr Thébaud s’attend à mettre au point un traitement prêt à être testé sur des humains d’ici deux ans.

Thérapie cellulaire pour l’hypertension pulmonaire

Comme troisième axe de recherche, qui est en encore à la phase exploratoire, le Dr Thébaud se penche sur le recours à la thérapie cellulaire basée sur l’utilisation de cellules progénitrices endothéliales (CPE) pour traiter les prématurés atteints d’hypertension pulmonaire. Des cellules dysfonctionnelles peuvent provoquer de l’hypertension pulmonaire. Le Dr Thébaud étudie les effets de la thérapie basée sur l’utilisation de CPE pour rétablir le fonctionnement de ces cellules.

Traitements applicables à la COVID-19

Bien que la plupart de ses recherches portent sur les nourrissons, le Dr Thébaud affirme qu’elles pourraient également s’appliquer aux adultes. À titre d’exemple, lui et ses collègues des soins intensifs pour adultes ont reçu l’approbation de Santé Canada pour réaliser des essais cliniques sur l’utilisation des CSM pour traiter les patients qui développent le syndrome de détresse respiratoire aiguë, un des nombreux effets indésirables possibles de la COVID-19.

« Certains patients atteints de la COVID-19 présentent une hyperinflammation pulmonaire, et les CSM ont des propriétés immunomodulatrices qui atténuent l’inflammation, » explique le Dr Thébaud. Comme les CSM étaient déjà disponibles, un essai clinique a pu être réalisé en septembre 2020.

Un avenir prometteur

L’objectif du Dr Thébaud de transposer les découvertes de ses trois axes de recherche les plus prometteuses dans le contexte clinique représenterait un important pas en avant pour les soins néonataux, dont les recherches n’ont abouti qu’à deux thérapies révolutionnaires dans les 30 dernières années. « Si nous pouvons introduire nos nouvelles thérapies dans l’UNSI, nous pourrons grandement améliorer la santé des prématurés. C’est mon rêve, et je pense que nous pouvons y arriver. »


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