Recherche sur la COVID-19 – Questions et réponses : professeur Timothy Caulfield
Les recherches du professeur Timothy Caulfield sur la COVID-19 portent sur la mésinformation au sujet du virus et les stratégies pour y mettre fin.
Timothy Caulfield, LLM, FRSC, FCAHS, est professeur de droit à l’Université de l’Alberta, directeur de la Health Law Institute, titulaire d’une chaire de recherche du Canada en droit et politique de la santé, et ancien membre du Comité de l’éthique du Collège royal. Il est également l’auteur du livre Is Gwyneth Paltrow Wrong about Everything?, paru en 2015, qui met l’accent sur les répercussions négatives que peut avoir l’utilisation de vedettes comme porte-parole sur la santé publique. Le professeur Caulfield a reçu une subvention dans le cadre d’un programme des IRSC visant à financer une intervention de recherche rapide contre la maladie à coronavirus 2019, afin de se pencher sur la mésinformation au sujet de la COVID-19 et les stratégies pour y mettre fin.

Le professeur Timothy Caulfield
Dans quel contexte menez-vous vos recherches et qu’est-ce qui vous a inspiré à les entreprendre?
Depuis quelques décennies, mon équipe s’intéresse de près à la mésinformation sur la santé et au tort causé par la circulation de ces faux renseignements dans la culture populaire et les médias sociaux. L’ampleur de la mésinformation associée à la crise de la COVID-19, qualifiée par beaucoup d’« infodémie », a malgré tout réussi à nous surprendre. C’est la première fois qu’une pandémie mondiale se propage à l’ère des médias sociaux, ce qui explique en grande partie pourquoi la situation a dégénéré. À titre d’exemple, nous avons noté une explosion de la mésinformation au sujet de supposés remèdes, comme boire de l’urine de vache, ingérer du désinfectant ou avoir recours à l’homéopathie, pour n’en nommer que quelques-uns.
Que cherchez-vous à accomplir?
Nous voulons relever les fausses informations qui circulent, comprendre leurs répercussions sur le public, et concevoir et mettre en œuvre des solutions fondées sur des données probantes pour mettre fin à ces propos délétères. Nous comptons formuler des recommandations à l’intention des médias, de la communauté médicale, des chercheurs biomédicaux et du public au sujet de la façon dont ils peuvent attaquer ce problème et faire partie de la solution.
Pouvez-vous nous donner un exemple de la façon dont vous recueillez les renseignements et de l’utilisation que vous en faites?
Nous surveillons les médias traditionnels et les médias sociaux pour voir s’ils dépeignent bien la crise de la COVID-19. Nous examinons aussi la manière dont les moteurs de recherche interprètent les recherches des gens. Pour vous donner un exemple précis, nous étudions les renseignements qui circulent sur Twitter au sujet de l’hydroxychloroquine, un médicament pour la prévention du paludisme présenté à tort comme un remède à la COVID-19 par Donald Trump.
Comment vos recherches conduisent-elles à la formulation de recommandations pratiques?
Reprenons l’exemple de l’hydroxychloroquine. Dans ce cas, nous utilisons un algorithme pour trouver un mot précis sur Twitter, puis nous analysons les échanges entourant ce mot. De là, nous mettons en lumière les répercussions que la mésinformation a eues sur les gens et émettons des recommandations sur la manière dont divers publics devraient y réagir. Pour les décideurs, il peut s’agir de définir une série de stratégies fondées sur des données probantes afin de les aider à corriger l’information erronée et d’éclairer la planification, la prise de décisions et les interventions au chapitre de la santé publique. Nous étudions aussi, entre autres, la mésinformation concernant les moyens de renforcer son système immunitaire dans le contexte de la COVID-19 et les théories du complot sur la technologie 5G, qui réduirait l’immunité des gens. À la lumière de nos constatations, nous mettrons au point une feuille de route sur la façon de gérer la mésinformation à l’avenir.
Comment les Associés peuvent-ils réagir d’ici là face à l’« infodémie » de la COVID-19?
J’aimerais que les professionnels de la santé participent davantage aux discussions publiques. Les experts peuvent agir comme porte-parole dignes de confiance en ce qui a trait aux problèmes de mésinformation omniprésents, notamment concernant le renforcement du système immunitaire. Ils peuvent aussi exhorter leurs patients à consulter une source fiable avant de prendre une décision liée à leur santé.