Recherche sur la COVID-19 – Questions et réponses : Dr Darrell Tan
Une nouvelle étude clinique axée sur la prévention et non sur le traitement de la COVID-19
Darrell Tan, MD, FRCPC, spécialiste des maladies infectieuses et clinicien-chercheur au St. Michael’s Hospital, à Toronto, a reçu des subventions fédérales, notamment dans le cadre d’un programme des IRSC visant à financer une intervention de recherche rapide contre la maladie à coronavirus 2019, afin de vérifier si un médicament contre le VIH/sida serait efficace pour prévenir la COVID-19.

Le Dr Darrell Tan
Dans quel contexte menez-vous votre recherche et quel est votre objectif?
Le Kaletra est un médicament utilisé en toute sécurité depuis 20 ans dans le traitement du VIH et le traitement prophylactique post-exposition. Des recherches antérieures indiquent qu’il bloque l’action de la protéase dans ce nouveau coronavirus; nous évaluerons donc dans le cadre de notre étude si ce médicament permet de prévenir la COVID-19. Nous devrions le savoir d’ici la fin de l’été.
Pourquoi est-il important de mettre l’accent sur la prévention?
À l’heure actuelle, les interventions préventives sont négligées ‒ environ 10 % seulement des études cliniques sur la COVID-19 sont axées sur la prévention ‒ et la plupart des études sont axées sur le traitement. Bien entendu, celui-ci est extrêmement important, mais il ne sera probablement pas mis au point durant la pandémie actuelle.
Pouvez-vous expliquer le modèle « en anneau » utilisé dans cette étude?
Ce modèle permet d’identifier une personne infectée, puis d’identifier les personnes en contact avec la personne infectée. Il s’agit de l’« anneau » constitué par les personnes exposées qui se trouvent « autour » de la personne infectée, et qui sont l’objet de notre intervention. Dans notre étude, les anneaux sont des unités de randomisation : les personnes dans un anneau font partie du même groupe d’intervention; toutes celles qui s’y trouvent reçoivent le médicament ou ne le reçoivent pas.
Comment trouvez-vous les sujets pour votre étude?
Nous avons trouvé quatre centres qui connaissent très bien ce genre d’étude. Nous comptons parmi nos collaborateurs des autorités de santé publique, des cliniciens hospitaliers et de première ligne; ils identifieront les personnes qui ont reçu un diagnostic récent et celles avec qui elles sont en contact afin de les faire participer à l’étude. Nous avons accueilli nos premiers participants le 17 avril.
Vos délais sont serrés. Comment avez-vous fait pour organiser cette étude si rapidement?
Il faut un an et demi pour mettre en place une étude clinique appropriée. Il nous a fallu deux mois pour trouver nos premiers participants, en grande partie parce que les IRSC, Santé Canada, le comité d’éthique avec qui nous avons collaboré et tous les autres intervenants ont fait des heures supplémentaires et travaillé la fin de semaine pour l’organiser. On peut donc y arriver.
Au terme de votre étude, quel est votre scénario le plus optimiste?
Confirmer que le Kaletra réduit considérablement le risque d’infection à la COVID-19. De plus, comme il est déjà disponible, partout dans le monde, il serait relativement facile, s’il s’avère efficace, de le prescrire à ceux qui en ont besoin.