Que signifie fournir des soins adaptés à la culture des patients autochtones?

Le 14 avril 2019 | Auteur : Personnel du Collège royal
Lecture de 4 min

La santé des Autochtones sera bientôt une composante essentielle de la formation médicale postdoctorale (FMPD).

Afin de préparer le terrain, le Comité directeur sur l’intégration de la santé des Autochtones à la FMPD a tenu sa première réunion en mars 2019. Il est chargé de fournir des renseignements stratégiques ainsi qu’une orientation et des recommandations.

Selon Lisa Richardson, MD, FRCPC, présidente du comité, tous les spécialistes doivent savoir qu’ils jouent un rôle clé dans l’amélioration de l’état de santé des peuples autochtones au Canada.

« Nous devons veiller [en tant que médecins] à ce que nos soins soient adaptés à la culture des patients autochtones. Nous pouvons ainsi contribuer à leur assurer un niveau de bien-être optimal, au même titre que l’ensemble de la population canadienne. »

Deux exemples de prestation de soins adaptés à la culture au chevet des patients.

La Dre Lisa Richardson

La Dre Lisa Richardson

Un comité composé de chefs de file autochtones

Lors de leur première réunion, les membres du comité directeur ont tenté d’expliquer comment un médecin spécialiste peut répondre aux besoins de ses patients autochtones.

Ils se sont inspirés

  • des travaux menés par le Comité consultatif sur la santé des Autochtones,
  • des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada,
  • des compétences formulées en matière de santé des Autochtones,

et ils ont rattaché les comportements et habiletés découlant de cet exercice aux rôles CanMEDS.

« Les membres du comité sont extraordinaires, confie la Dre Richardson. Il est remarquable d’avoir réuni tous ces chefs de file de la formation en santé des Autochtones au sein d’un même comité.

Nous avons voulu assurer la représentation des Premières Nations, des Inuits et des Métis à l’échelle du pays au sein du comité. La présence d’un Aîné pendant toute la réunion était vraiment importante, et nous a aidés à rester sur la bonne voie et à nous concentrer sur nos objectifs. »

Les compétences universelles, le premier mais non le seul objectif

Le comité s’emploie d’abord à associer des compétences universelles de niveau postdoctoral au référentiel CanMEDS. Des compétences propres aux spécialités pourront s’ajouter (le cas échéant). L’intention est que cet apprentissage soit offert à tous les médecins en exercice. Les séquelles des pensionnats, la rafle des années soixante et le racisme à l’égard des Autochtones dans le système de soins de santé font déjà partie des sujets enseignés aux étudiants en médecine. Les diplômés ayant acquis ces connaissances contribueront à l’évolution de l’approche au niveau postdoctoral.

« Ceux et celles qui exercent actuellement pourront s’inspirer de certains concepts que nous enseignons maintenant à nos étudiants en médecine, explique la Dre Richardson. Nous avons aussi un excellent guide d’introduction créé par un groupe de médecins rédacteurs autochtones et des employés du Collège royal. Il met en évidence des domaines qui nous semblent importants et des approches en matière de santé des Autochtones. Il sera disponible plus tard cette année. Nous espérons en faire éventuellement un module d’apprentissage interactif. »

Le Comité directeur sur l’intégration de la santé des Autochtones à la FMPD tiendra sa prochaine réunion à l’automne. D’ici là, des sous-groupes se consacreront à l’avancement de ses objectifs.


Exemples de prestation de soins adaptés à la culture au chevet des patients

Il existe de nombreuses façons d’intégrer les soins adaptés à la culture à votre pratique. L’une d’entre elles se déroule pendant l’anamnèse. Selon la Dre Richardson, après avoir établi avec vos patients autochtones une relation basée sur la confiance et l’ouverture, vous pouvez leur demander à quelle nation ils appartiennent, comment ils se désignent eux-mêmes et la désignation qu’ils préfèrent que vous utilisiez dans le cadre de vos rencontres.

Elle donne deux autres exemples qui pourraient guider votre prestation de soins :

Exemple 1: Vous êtes rhumatologue et vous venez d’examiner un patient autochtone atteint de polyarthrite rhumatoïde. Vous devez lui prescrire un traitement. Que devriez-vous savoir pour la suite des choses?

  • Vous devez savoir si ce patient est un Indien inscrit en vertu de la Loi sur les Indiens (s’il est inscrit comme Indien, s’il est admissible au statut d’Indien, et s’il possède une carte de statut).
  • S’il a le statut d’Indien, vous devez vérifier s’il est couvert par le Programme des services de santé non assurés (SSNA), un régime spécial d’assurance-médicaments pour les Inuits admissibles et les membres des Premières nations inscrits en vertu de la Loi sur les Indiens.
  • Vous devez aussi vérifier auprès d’un pharmacien si les médicaments que vous comptez prescrire à votre patient atteint de polyarthrite rhumatoïde sont couverts par le programme (vous serez peut-être surpris d’apprendre que les traitements de première ligne recommandés actuellement peuvent n’être couverts que si les autres traitements ont échoué, un bon exemple d’inégalité structurelle).
  • Vous devez savoir également que le statut d’Indien fait référence au statut juridique d’une personne inscrite en tant qu’Indien selon la définition qu’en donne la Loi sur les Indiens, et ne s’applique qu’à ce contexte spécifique.

Exemple 2 : Vous êtes obstétricien. Vous croyez que votre patiente devrait accoucher à l’hôpital, mais elle fait part de ses inquiétudes et insiste pour accoucher chez elle, dans sa communauté autochtone. Que devriez-vous savoir pour la suite des choses?

  • Vous devez comprendre la source de ses inquiétudes et vous rappeler les expériences pénibles vécues par des femmes autochtones (p. ex., stérilisation forcée, rafle des années soixante).
  • Discutez avec votre patiente afin de comprendre pourquoi elle a peur d’accoucher dans un hôpital. Établissez un lien de confiance avec elle.

 



Mots-clés