Pleins feux sur les ateliers préconférence — Mode de prestation : Comment créer un programme de simulation in situ
Nous avons discuté en profondeur avec Michelle Morais, MD, des détails de ce cours préconférence qui se tiendra le mercredi 26 octobre, dans le cadre de la CIFR 2022.
Q : Quelle(s) leçon(s) devez-vous surtout transmettre durant l’atelier?
R : Je veux faire comprendre à quel point la simulation in situ est une modalité éducative agréable et stimulante pour les programmes de résidence; elle peut s’inscrire dans la formation associée à divers rôles CanMEDS et peut être utile pour explorer la sécurité des patients.
Q : Pourquoi devrait-on s’inscrire à cette préconférence?
R : Elle couvrira tout ce qu’il faut savoir sur la simulation in situ! L’auditoire se retrouvera avec des outils pratiques et une confiance qui permettra d’adapter la simulation in situ au contexte local. Nous passerons en revue toutes les étapes pour cibler et mobiliser les parties prenantes, créer une évaluation des besoins visant à déterminer les objectifs d’apprentissage, revoir les cadres de création des simulations et des conversations engagées lors des débreffages et éliminer les obstacles.
Q : Pouvez-vous donner un exemple de l’utilisation de la simulation in situ dans le but de favoriser l’apprentissage? Observez-vous actuellement des tendances en simulation in situ dans la pratique des soins de santé? Que devrait savoir l’auditoire et comment peut-il mettre en pratique les leçons apprises?
R : Dans notre rôle d’enseignement, il nous revient de former et d’évaluer les résidents et résidentes dans l’ensemble du spectre des compétences CanMEDS. La simulation in situ offre une occasion unique de le faire sans s’en remettre uniquement à des rencontres cliniques fortuites. Par exemple, vous pouvez créer des simulations in situ qui visent des situations d’urgence rares mais critiques auxquelles il peut être difficile d’assurer une exposition constante afin d’offrir un moyen de formation et d’évaluation normalisé pour tous les apprenants et apprenantes. Vous pouvez observer leurs habiletés dans les rôles d’expert médical, de communicateur, de collaborateur et de leader au sein de leur équipe et de leur environnement clinique réel pour vous assurer que vous formez des médecins prêts à exercer de façon autonome et sécuritaire.
De nombreux domaines de la formation médicale reposent sur des programmes où la formation se fait en vase clos. La nature interprofessionnelle et interdisciplinaire de la simulation in situ dans un environnement clinique réel permet aussi d’aborder la sécurité des patients et des patientes, un apprentissage qui peut s’avérer plus difficile dans un centre de simulation. Vous pouvez cerner et gérer les risques latents pour la sécurité des soins en temps réel. Il est également remarquable de voir à quel point cette modalité d’apprentissage est propice au travail d’équipe, non seulement pour les résidentes et les résidents, mais aussi pour les médecins et professionnels paramédicaux de toutes les disciplines.
Je dirais que le débreffage est le moment critique où les buts et objectifs d’apprentissage sont mis en évidence et où un modèle mental commun se concrétise. Tout le monde a l’occasion de partager ce qui s’est passé, de souligner ce qui a été bien fait et de proposer des points à améliorer. Faire preuve d’un bon jugement et de curiosité au moment d’aborder le débreffage est essentiel pour comprendre le raisonnement et le travail de votre équipe, ce qui peut être précieux lorsque vous travaillez ensemble à la prestation de soins dans des situations tendues où les enjeux sont importants.
Q : Quels sont les obstacles potentiels et les stratégies d’atténuation liés la simulation in situ?
R : Un obstacle est le manque apparent de temps et d’espace. Il y a toujours des soins à prodiguer, mais l’espace ne se prête pas toujours à la simulation in situ. Les stratégies que notre groupe a trouvées utiles et essentielles à notre succès comprenaient la mobilisation des parties prenantes clés afin d’obtenir du soutien et d’éclairer l’évaluation des besoins afin de nous assurer que notre programme répondait bien à ces derniers. De plus, nous avons assuré la liaison avec les responsables de la gestion des risques au sujet des considérations liées aux soins prodigués dans le cadre de toute simulation in situ prévue.
La souplesse a également été essentielle à notre succès. Nous examinons l’activité clinique afin de déterminer le moment et le lieu de nos simulations in situ durant une journée donnée. Ainsi, es séances de simulation prévues se déroulent très bien.
Q : Pouvez-vous nous parler davantage des cadres qui facilitent le débreffage après la simulation et l’évaluation d’un programme de simulation?
R : Ma première suggestion en matière de débreffage serait d’établir l’intention dès le début pour créer un environnement d’apprentissage sécuritaire. J’aime rappeler que l’intention est de faire de son mieux et d’apprendre les uns des autres.
Je trouve que le cadre de débreffage PEARLS (Promoting Excellence and Reflective Learning in Simulation) et une approche de justification-interrogation sont très utiles pour délimiter clairement la conversation lors du débreffage et partager les expériences de façon ouverte et sécuritaire. L’adoption d’une approche de justification-interrogation pour recueillir de l’information permet de souligner les observations faites durant la simulation et de comprendre le raisonnement à l’origine des mesures qui ont été prises. Plutôt que d’affirmer « Vous avez commis une erreur », il vaut mieux dire : « J’ai observé ceci et je veux mieux comprendre ce qui se passait à ce moment-là. »