L’importance d’investir dans la technologie Internet haute vitesse pour améliorer les soins aux patients
Par Erin Keely, MD, FRCPC

Dre Erin Keely
Il y a une dizaine d’années, une collègue, la Dre Clare Liddy, a orienté un patient vers notre centre, et on lui a répondu que le délai d’attente était de six à neuf mois. Pendant ce temps, le médecin de famille n’aurait aucune interaction avec le spécialiste. Les temps d’attente nuisent beaucoup à l’efficacité des soins de santé. Conscients du problème, nous avons décidé ensemble de tenter d’y remédier.
C’est ainsi qu’a vu le jour Champlain BASEMC (Building Access to Specialists through eConsultation ou Accroître l’accès aux spécialistes par la voie de la consultation électronique), un service de consultation électronique. Celui-ci permet aux médecins de soins primaires, aux infirmières et infirmiers praticiens et aux spécialistes de discuter des besoins des patients dans des délais plus raisonnables. Ils peuvent même joindre des photos ou des vidéos pour expliquer les cas. Il arrive parfois que l’on évite aux patients de se rendre au cabinet du spécialiste pour une consultation plus formelle. Un médecin de famille a déjà envoyé la vidéo d’un bambin qui marchait avec les orteils recroquevillés. En quelques jours seulement, un chirurgien orthopédiste lui avait confirmé que le cas n’était pas préoccupant et qu’aucun autre test ou traitement n’était nécessaire. La famille n’a donc pas eu à se faire du mauvais sang pendant des mois, ni à faire deux heures de route pour consulter un spécialiste.
La consultation électronique permet aux médecins de première ligne de recevoir l’avis de spécialistes dans les deux jours, et son coût moyen correspond environ au tiers du coût d’une consultation traditionnelle. Il a été démontré que des outils tels que la consultation électronique réduisent le nombre de visites chez les spécialistes, diminuent les temps d’attente et, surtout, aident les patients à obtenir les soins dont ils ont besoin. Mais ces outils ne fonctionnent que dans les collectivités dotées d’une technologie Internet haute vitesse fiable. Or, de nombreuses collectivités en sont toujours privées aujourd’hui. Par conséquent, au lieu d’aider les personnes dans le besoin, ces outils risquent de creuser l’écart entre les riches et les pauvres.
Un Canadien sur six vit dans une communauté rurale ou éloignée, comparativement à seulement 2,3 % des médecins spécialistes. Je connais très bien les recherches qui démontrent que l’on peut recourir à la technologie pour offrir des soins dans les communautés autochtones, rurales et éloignées, où l’accès aux soins de santé en général et aux soins spécialisés en particulier est limité; j’y ai moi-même pris part. Cependant, un accès à Internet déficient peut réellement nuire à la prestation de services médicaux technologiques à distance. Au Canada, un trop grand nombre de collectivités (sans égard à l’éloignement ni à la population) ne peuvent compter sur une technologie Internet haute vitesse fiable. Les résidants de ces collectivités ne peuvent donc pas profiter des soins de santé technologiques au même titre que ceux des collectivités branchées.
À l’approche de l’élection fédérale, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et ses partenaires demandent aux candidats d’investir au moins 5 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années pour bâtir un pays branché et assurer l’égalité d’accès aux soins de santé. Une technologie Internet haute vitesse fiable est en mesure d’offrir des soins médicaux spécialisés à ceux qui n’y auraient pas accès autrement, y compris les populations vulnérables comme les Autochtones et les personnes vivant en milieu rural ou éloigné. Les membres de toutes les collectivités canadiennes méritent de recevoir les meilleurs soins de santé qui soient, au moyen d’une technologie moderne et éprouvée. Nous invitons donc les candidats à l’élection fédérale à s’engager à investir dans la technologie Internet haute vitesse.
Découvrez notre trousse de défense d’intérêts auprès des partis politiques
Erin Keely, MD, FRCPC, est endocrinologue à l’Hôpital d’Ottawa et professeure au Département de médecine de l’Université d’Ottawa.