La valeur de la CPC et son incidence sur l’avenir de la médecine
Par Dr Roy Kirkpatrick
** Je reconnais l’ampleur des répercussions de la COVID-19 sur tous les aspects de notre profession, mais j’ai pensé que vous aimeriez lire un article qui traite d’un autre sujet que la pandémie. En tant que chirurgien généraliste qui exerce en milieu rural depuis plus de 30 ans, je constate la valeur réelle de La compétence par conception, et c’est pourquoi je suis convaincu qu’il faut sensibiliser tous les Associés à ce nouveau modèle de formation.

Le Dr Roy Kirkpatrick (Photo soumise)
La médecine est en constante évolution. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme en médecine en 1977, l’usage des technologies était beaucoup moins fréquent. Par exemple, il n’était pas nécessaire de recourir à l’imagerie pour établir un diagnostic d’appendicite. Les ressources du système étaient moins sollicitées, et nous avions ainsi l’occasion de nous concentrer davantage sur la qualité des soins aux patients.
Le système n’est plus ce qu’il était jadis, mais les motifs qui m’ont amené à choisir la médecine et qui inciteraient quiconque à le faire aujourd’hui sont les mêmes. Les patients ont toujours été, et seront toujours, la priorité des médecins.
Comme je travaille en milieu rural, bon nombre de mes patients sont aussi mes voisins, et j’ai le privilège de servir ma communauté depuis plus de trente ans. C’est cette même passion qui anime les résidents de l’École de médecine du Nord de l’Ontario que je côtoie aujourd’hui; ils intègrent les compétences des sept rôles CanMEDS et fournissent des soins de compassion à leurs patients.
La compétence par conception renforce la capacité d’adaptation des résidents
Le 1er juillet 2020, ma discipline (chirurgie générale) adoptait officiellement le modèle de formation de La compétence par conception. Vous avez sûrement entendu des rumeurs au sujet de La compétence par conception; certains participent activement à l’enseignement selon ce nouveau modèle; d’autres (quelque 2000 collaborateurs) ont participé à sa création et à son développement.
Selon moi, ce nouveau modèle assure la pérennité de l’excellence de notre système. À la base, rien n’a changé : nous cherchons toujours à créer les normes les plus élevées pour former des médecins de classe mondiale. La compétence par conception vise aussi à améliorer le système, à renforcer la souplesse et la capacité d’adaptation des résidents. Par exemple, l’étape finale de la formation est axée sur la capacité des résidents à exercer de manière autonome et à développer leur force clinique.
Se détacher de la rétroaction à grande incidence au profit de l’amélioration continue
Dans le cadre de La compétence par conception, la formation est divisée en plusieurs étapes différentes. Chaque étape comporte des activités professionnelles confiables (APC) et des jalons propres à la discipline. C’est selon moi un des points forts de ce modèle parce que les résidents reçoivent constamment une rétroaction au sujet de leur rendement au lieu de se soumettre à des évaluations à grande incidence.
Sur le plan philosophique, on ne procède plus à une évaluation de l’apprentissage, mais à une évaluation aux fins de l’apprentissage. Il s’agit notamment de coaching pour proposer des suggestions d’amélioration concrètes et des moyens pour apporter ces améliorations. Ce modèle permet donc de détecter rapidement les lacunes.
L’adoption d’un modèle de formation délocalisée permet aux Associés de partout au pays, incluant les milieux ruraux, de s’investir davantage dans la formation médicale. Des étudiants de troisième année en médecine et des résidents de l’École de médecine du Nord de l’Ontario collaborent avec nous, à Hunstville. L’exposition intermittente à des apprenants est propice au coaching. Les évaluations sont assez simples; elles peuvent être réalisées à partir d’une application ou d’un ordinateur et ne nécessitent que quelques minutes. Nous avons ainsi l’occasion de partager nos connaissances et notre expertise aux spécialistes de la prochaine génération.
Assurer les meilleurs soins à tous les Canadiens, y compris les populations rurales
La pratique hors des milieux urbains comporte son lot d’avantages. Le quotidien d’un chirurgien généraliste en milieu rural est loin d’être banal. En un seul quart de travail, je peux réaliser une chirurgie abdominale, une greffe de peau et une césarienne. J’ai déjà mentionné que je connais beaucoup de mes patients, et je les connaissais bien avant qu’ils se présentent en salle d’opération. J’ai souvent eu l’occasion de les rencontrer à l’extérieur de l’hôpital, pétillants de santé.
Bon nombre de médecins qui exercent en milieu rural ont choisi ce milieu parce qu’ils recherchaient la proximité avec leurs patients et ne souhaitaient pas nécessairement enseigner. C’est ainsi que je voyais les choses avant d’occuper un poste à l’École de médecine du Nord de l’Ontario; mon point de vue a complètement changé par la suite.
Ma collaboration avec l’école date de la fin 2000; à ce moment, je doutais de mes capacités en enseignement et en évaluation. La compétence par conception m’a fourni un cadre pratique et simple axé sur une rétroaction fréquente et continue, qui s’inspire davantage du coaching au lieu des évaluations ponctuelles à grande incidence.
Donner au suivant
Les Associés se sentent souvent redevables envers ceux qui les ont formés. Nous avons tous un rôle à jouer pour que le Collège royal continue d’être le leader en formation médicale et soins spécialisés dans les années à venir. Je suis fier de ce nouveau modèle. Il a été conçu par des Associés de partout au pays, et j’ai eu l’honneur de participer à sa mise en œuvre. Que l’on soit clinicien-chercheur, spécialiste en milieu urbain ou Associé en milieu éloigné et isolé, La compétence par conception peut nous aider à relever les défis auxquels nous sommes confrontés.
Non seulement La compétence par conception prépare les résidents aux réalités des soins de santé du XXIe siècle, elle garantit le respect des normes les plus élevées de notre profession. Alors que nous passons le flambeau aux futures générations, nous pouvons être assurés que chaque évaluation favorisera le développement des spécialistes de demain.
Au cours de notre vie, nous devrons faire appel à un médecin qui a suivi un programme adapté à la CPC. Je suis convaincu que ce nouveau modèle formera des médecins dignes de confiance et aptes à fournir des soins à ceux qui nous sont chers.
Le Dr Roy Kirkpatrick est chirurgien généraliste à Huntsville, en Ontario, depuis 1987. Il assure de temps à autre une suppléance à Moose Factory, en Ontario, et il a œuvré au sein de la Croix-Rouge canadienne et Médecins Sans Frontières. Il est chef de la Division de chirurgie de l’École de médecine du Nord de l’Ontario, représentant spécialiste au sein du Comité sur la mise en œuvre du Plan d’action de la Société de la médecine rurale du Canada et membre du Conseil du Collège royal. Grand adepte du plein-air, ce fier époux et père est devenu grand-père en 2019.