La Dre Jean Gray, lauréate du Temple de la renommée médicale canadienne, nous fait part des réalisations dont elle est le plus fière
Jean Gray, CM, MD, FRCPC, a longtemps été la seule femme dans la pièce. Si l’on regarde des photos de l’époque où elle siégeait à divers comités et conseils, dans les années 1970 et 1980, on constate (comme elle) qu’elle est la seule femme dans toutes les photos.
Cette réalité, combinée à son expérience de la maternité (réalisation dont elle est le plus fière), lui a fait prendre conscience très tôt dans sa carrière que les femmes médecins avaient besoin de plus de soutien.
« Mes deux enfants ont eu l’obligeance de venir au monde un vendredi soir, et je suis retournée au travail le mardi matin, se souvient-elle. J’étais de garde le soir où mon premier enfant est né. Lorsque j’ai fini par me rendre à la maternité, on devait sans cesse me répéter “Réveillez-vous et poussez!”, ce à quoi je répondais “J’ai été debout toute la nuit — laissez-moi tranquille!” », dit-elle en riant.
Peu après, elle a commencé à militer en faveur de la création d’une certaine forme de congé de maternité pour le nombre croissant de femmes médecins. Elle a d’abord vu à ce que ses collègues féminines obtiennent chacune deux mois de congé — une amélioration considérable à l’époque. Elle s’est par la suite penchée sur l’avancement professionnel des femmes en tant que chercheuses cliniciennes dans le cadre de son travail au sein du Conseil de recherches médicales du Canada (maintenant les IRSC), ce qui n’a fait que confirmer ce besoin. Une transformation a fini par s’amorcer; les sociétés médicales ont commencé à reconnaître le congé de maternité comme étant un besoin et à prendre les mesures nécessaires pour l’accorder.
Mais la propension de la Dre Gray à combler des besoins lorsqu’elle en prenait connaissance est devenue une pierre angulaire de sa carrière.
Un point tournant dans sa carrière
La Dre Gray est maintenant professeure émérite en éducation médicale, médecine et pharmacologie à l’Université Dalhousie. Outre son travail en appui aux femmes médecins, elle est réputée pour ses connaissances en pharmacothérapie. Elle est aussi reconnue comme étant une promotrice de la sécurité des médicaments, une mentore et une bénévole dévouée.

La Dre Jean Gray (soumise par la Dre Gray)
La réalisation professionnelle dont elle le plus fière : son rôle dans la publication du manuel Therapeutic Choices, qui en est maintenant à sa huitième édition imprimée (elle a contribué aux six premières éditions). La version numérique plus récente du manuel est quant à elle continuellement mise à jour.
« Bien que ce ne soit pas mon métier, j’ai été nommée pharmacienne honoraire grâce à ma participation à la rédaction de cet ouvrage », précise-t-elle.
Elle a été appelée à y contribuer en tant que membre du comité de rédaction du Compendium of Pharmaceuticals and Specialties (CPS), publié par l’Association des pharmaciens du Canada (APC). Les monographies de l’APC étant désuètes (ayant été imprimées 25 ans plus tôt), la décision a été prise de publier un manuel sur la thérapeutique destiné aux praticiens des milieux communautaires.
« Le lancement de cet ouvrage a vraiment été un moment marquant de ma carrière puisque le Conseil de la santé du Canada a recommandé que tous les praticiens au pays en aient un exemplaire. Il a fait l’objet d’éloges dans la littérature canadienne et même américaine. C’était de toute évidence un livre qui répondait à un besoin au bon moment. »
En réfléchissant à sa longue carrière diversifiée, la Dre Gray affirme qu’il y a une constante qui l’a fait avancer : sa soif d’apprendre.
« Tant que j’apprendrai, je serai ravie de continuer, de m’engager et de faire tout ce qui est nécessaire, confie-t-elle. Ce que je cherchais toujours à faire comprendre aux résidents et aux étudiants, c’est que les connaissances acquises dans le cadre de leur formation médicale deviendraient désuètes cinq ans plus tard. Si vous ne mettez pas en place un mécanisme pour poursuivre votre propre apprentissage, vous ne serez d’aucune utilité au système de santé. C’était une chose à laquelle je croyais fermement, et j’essayais juste de m’assurer que les autres le comprennent aussi », ajoute t elle.
La Dre Gray sera intronisée au Temple de la renommée médicale canadienne le 17 avril lors de la cérémonie d’investiture de 2020 qui se tiendra à Vancouver (C.-B.).