La culture de questionnement : faire les choses un peu différemment
Dans cet article :
- La relation entre la culture de questionnement et l’apprentissage dans le système des soins de santé
- Les caractéristiques d’un système de soins de santé apprenant
- Les six étapes pour pratiquer une culture de questionnement dans le développement professionnel (et l’exemple créatif d’un projet d’AQ mené par des Associés)
- Comment élargir la portée des changements locaux
Vous êtes-vous déjà demandé comment vous pourriez faire les choses différemment? Mieux encore, comment en faire une habitude?
Nous parlons de plus en plus de l’amélioration continue de la qualité (ACQ). En fait, j’ai expliqué cet automne que l’accent avait été mis sur l’ACQ dans le cadre du programme de Maintien du certificat du Collège royal.
Pour certains, cela peut sembler une contrainte supplémentaire – surtout considérant les contraintes et les retards causés par la pandémie – mais je pense que ce sont des questions que la plupart d’entre nous se posent déjà au quotidien, surtout à la suite de tous les changements que nous avons dû faire. En associant ce questionnement à des actions réfléchies, nous sommes réellement en mesure de transformer la manière dont nous prodiguons des soins à chacun de nos patients, de façon à la fois modeste et significative.
Je dirais qu’une culture de l’amélioration découle d’une culture de questionnement continu. Autrement dit, il s’agit d’un état d’esprit qui permet au système de soins de santé d’apprendre en réévaluant « la façon dont nous avons toujours fait les choses » et qui cherche les occasions de se perfectionner, de poser des questions, d’évaluer la situation puis de tendre vers des objectifs nouveaux. Un système de soins de santé apprenant aide les gens qui y travaillent et les patients.
Alors, par où commencer?
Un système de soins de santé
Il faut changer notre façon de penser pour changer les résultats (et les améliorer).
Une culture de questionnement est à la base d’un système de soins de santé apprenant. Par cela, je fais référence à un système ou un environnement qui met en pratique la recherche et les connaissances qui en découlent, grâce à un cycle d’amélioration continue.
Pour favoriser un système de soins de santé apprenant, nous avons besoin des éléments suivants :
- une culture de questionnement;
- des leaders prêts à promouvoir une culture d’apprentissage, de recherche et d’amélioration continus;
- des patients considérés comme faisant partie intégrante de l’équipe d’apprentissage et de recherche;
- des systèmes servant à saisir, analyser et partager les données en vue d’améliorer les soins.
On peut voir le système de soins de santé apprenant comme un cycle d’apprentissage. Le cycle consiste à générer des connaissances afin d’améliorer les résultats et le rendement, puis à comprendre le rendement pour comprendre les données qui en découlent et, enfin, à reconvertir tout cela en connaissances.
Ce cycle peut être intégré à tous les aspects des soins de santé, y compris le développement professionnel.
Poursuivre le développement professionnel
Posez-vous cette question : que savez-vous à propos des soins que vous fournissez actuellement? Comment pourriez-vous utiliser les données, tant qualitatives que quantitatives, pour trouver des façons de faire les choses différemment? Il peut s’agir d’un changement visant à améliorer l’efficacité, à rendre une procédure plus sûre ou à centrer davantage les soins sur les patients.
Si nous nous concentrons sur le questionnement continu et intégrons la recherche dans nos processus, l’érudition et les résultats en santé s’amélioreront. Mais cela demande une certaine discipline et une ouverture d’esprit. Nous devons changer un peu notre façon de penser pour pouvoir réellement nous approprier cette culture de questionnement. Nous devons accepter le fait qu’il n’y a ni solution miracle ni ligne d’arrivée. À la place, nous devons montrer un appétit sans fin pour l’amélioration.
Pour appliquer ces principes à notre développement professionnel continu, il faut suivre six étapes fondamentales :
- Comprendre les soins que vous prodiguez dans votre milieu de soins (à l’aide d’outils simples et de supports);
- Utiliser les données pour cerner les lacunes et les possibilités d’apprentissage;
- Créer un plan d’amélioration des processus (c.-à-d. fixer des objectifs);
- Mettre en œuvre votre plan en vous engageant dans des activités d’apprentissage qui soutiennent vos objectifs;
- Mesurer les résultats et en rendre compte (évaluer les données, présenter les résultats, appliquer les changements);
- Répéter le cycle (encore et encore).
Qu’il s’agisse d’un petit test de changement ou d’un projet plus vaste, rappelez-vous cette séquence : apprendre, faire ses recherches, mettre en œuvre et apprendre à nouveau. À titre d’exemple, Brian Wong, MD, FRCPC, et Lynfa Stroud, MD, FRCPC, nous ont récemment appris qu’un petit investissement de temps pendant la COVID a permis à leur équipe de soins d’améliorer l’utilisation sûre des EPI. Bravo à toute l’équipe!
Enfin, évaluez toujours, toujours, les répercussions de vos actions sur vos patients.
Élargir la portée de nos actions locales
Vous avez également une possibilité extraordinaire d’élargir la portée de vos améliorations locales. Les petits gestes mènent à de grands changements.
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’écrire un article avec deux scientifiques, le Dr Peter Embi, professeur en informatique, et le Dr William Smoyer, néphrologue pédiatrique. À l’époque, nous cherchions à comprendre comment mettre en place et favoriser des systèmes de soins de santé apprenants au niveau local. Nous avons abouti à la conclusion suivante : il faut faire ce que l’on peut dans le système où l’on se trouve (c’est-à-dire où l’on fournit des soins), mais ensuite réfléchir de manière plus globale à la façon dont ces changements locaux peuvent nous rejoindre tous.
Un aspect souvent négligé de ce cycle d’amélioration continue est la possibilité de partager les leçons apprises. Après tout, le cycle d’apprentissage est continu et bidirectionnel. Je dirais que nous avons la responsabilité de diffuser nos résultats pour que tous puissent bénéficier de l’apprentissage. Le Collège royal a à cœur de contribuer au partage et à la diffusion des idées, des solutions et des améliorations collectives.
En conclusion, l’adoption d’une culture de questionnement à chaque étape de notre apprentissage, de notre formation et du continuum des soins peut véritablement favoriser un système de soins de santé apprenant. Elle nous permet de faire preuve de curiosité et d’améliorer les résultats par la recherche et la mise en œuvre d’améliorations au service des patients et de nous-mêmes. Si les patients se portent mieux, les médecins se portent mieux et, en fin de compte, le système aussi.
Ensemble, continuons à nous demander ce que nous pourrions faire un peu différemment.