Créer une culture de bien-être pour les médecins : entrevue avec Leslie Flynn, MD, FRCPC

La Dre Leslie Flynn, présidente du Groupe de travail sur le bien-être des médecins.
Le Groupe de travail du Collège royal sur le bien-être des médecins a publié au début juin un rapport contenant 15 recommandations pratiques pour intégrer la question du bien-être des médecins dans l’environnement d’apprentissage. Pour en savoir plus sur ce projet de recherche et ses résultats, nous avons posé quelques questions à la Dre Leslie Flynn, vice-doyenne de l’éducation au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université Queen’s et présidente du Groupe de travail sur le bien-être des médecins.
Pourquoi vous êtes-vous lancée dans ce projet de recherche avec le Collège royal?
En 2017, l’Association médicale canadienne (AMC) a constaté que 30 % des médecins en exercice et des résidents souffraient d’épuisement professionnel. Nous avons entrepris cette année-là de mener un projet de recherche fondée sur des données probantes qui appuierait l’élaboration d’outils et de matériel pédagogique à l’intention des doyens, des directeurs de programme et des praticiens du développement professionnel continu dans leurs efforts pour protéger le bien-être des médecins. Les leaders doivent préparer les apprenants à un avenir où le bien-être est vital, et ce, à chaque étape de leur carrière.
Pourquoi le bien-être des médecins vous préoccupe-t-il autant?
La santé des médecins a une influence sur la prestation de soins aux patients avec compétence et sur la sécurité et la satisfaction de ces derniers. Le bien-être des professionnels de la santé est fondamental pour le bon fonctionnement du système de santé. En outre, lorsque les médecins sont moins performants en raison de problèmes de santé, il faut mobiliser davantage de ressources pour soutenir le système. Selon une étude de l’AMC publiée en 2021, notre système de santé se trouve dans une situation particulièrement difficile après la pandémie, puisque 46 % des médecins envisagent de quitter la pratique ou de réduire leurs heures de travail. C’est pourquoi cette tâche est encore plus urgente en 2022.
Quels sont les résultats de recherche?
Une analyse contextuelle des programmes de bien-être des médecins dans tout le Canada révèle que les leaders médicaux sont très désireux de s’attaquer à ce problème, mais qu’il n’existe pas d’approche cohérente pour le résoudre. Nos 15 recommandations concordent avec le Référentiel de compétences CanMEDS et s’inscrivent dans les thèmes de la conscience et du développement, de la durabilité et du soutien. Nous devons sensibiliser les gens à la question du bien-être des médecins et aider les apprenants à faire preuve de résilience, tout en travaillant à l’échelle du système pour que la culture de travail soutienne et protège la santé des médecins.
Qu’espérez-vous voir ressortir de ces recommandations?
L’une des principales constatations est que nous avons besoin de stratégies pratiques pour assurer le bien-être des médecins tout en cherchant des occasions de traiter les problèmes systémiques sous-jacents qui contribuent à l’épuisement professionnel. Nos milieux cliniques et nos environnements d’apprentissage doivent soutenir activement le bien-être. Pour cela, il faut obtenir l’adhésion de leaders qui leur alloueront des ressources.
Entre-temps, le Collège royal doit intégrer des mesures de protection du bien-être des médecins dans l’agrément des programmes de résidence. Je suis encouragée par ce qui se passe déjà dans le domaine du développement professionnel continu. Le Collège royal a retenu les services d’un expert national en santé des médecins pour développer des ressources pour les apprenants à vie, y compris le soutien par les pairs, les stratégies de coaching et d’autres outils d’apprentissage.
Que peuvent faire les éducateurs médicaux maintenant pour accroître le bien-être?
Les éducateurs devraient commencer par examiner nos 15 recommandations. Nous leur suggérons de nommer un ambassadeur dans le programme qui peut assumer la responsabilité du bien-être, qu’il s’agisse d’élaborer des politiques, de garantir le soutien communautaire ou d’organiser des séances de formation.
Le groupe de travail croit fermement qu’il serait formidable que les organismes de soins de santé comme l’AMC, le Collège royal, l’Association des facultés de médecine, le Collège des médecins de famille du Canada, Médecins résidents du Canada et d’autres puissent s’associer et s’entraider en matière de ressources et de planification, afin que nous ne nous retrouvions pas tous à réinventer la roue chacun de notre côté.