Comment obtenir des crédits de MDC en améliorant le quotidien (malgré la pandémie)

Le 7 septembre 2021 | Auteur : Billet d'invité
Lecture de 5 minutes

Par Brian Wong, MD, FRCPC, et Lynfa Stroud, MD, FRCPC

À ce stade de la pandémie, nous nous doutons bien que vous êtes nombreux à avoir évité des incidents de justesse; c’est pourquoi nous tenions à vous livrer le récit d’un membre de notre équipe qui a failli entrer dans la chambre d’un patient de l’unité COVID du Centre des sciences de la santé Sunnybrook de Toronto avec un masque inadéquat. Vous verrez aussi comment nous avons transformé cet incident en projet d’amélioration de la pratique donnant droit à des crédits du programme de Maintien du certificat (MDC). Nous vous encourageons à faire de même!

Nombreux sont ceux qui oublient de convertir en crédits de MDC les gestes posés au quotidien pour résoudre des problèmes. Nous souhaitons ainsi vous encourager à traiter vos tâches quotidiennes comme un vecteur d’amélioration de la qualité, et vous montrer que les activités auxquelles vous vous adonnez déjà donnent droit à des crédits.

Leçon tirée d’un événement évité de justesse et d’un risque d’exposition à une infection

Alors que la pandémie battait son plein, les étages de médecine interne générale ont commencé à utiliser de l’oxygène à haut débit pour venir en aide à l’unité de soins intensifs. Nous avons dû nous adapter à cette nouvelle réalité en portant des masques N95 au lieu des masques chirurgicaux lorsque la situation l’exigeait.

Mais il nous arrivait parfois d’oublier cette nouvelle consigne.

Malgré les précautions mises en place (dont les agents de sécurité postés à l’extérieur des chambres), un membre de notre équipe a bien failli être exposé à la COVID-19 alors que nous nous apprêtions à entrer — sans masque N95 dans la chambre d’un patient infecté qui recevait de l’oxygène à haut débit.

Une affiche indiquant l’obligation de porter un masque N95 était pourtant apposée sur la porte; que s’est-il donc passé?

  • La consigne passait inaperçue parmi les nombreux symboles « STOP » et d’autres informations superflues apposées sur les portes de l’unité; il était donc difficile de savoir s’il fallait porter un masque N95 ou un masque chirurgical.
  • La police de caractères était trop petite et l’affiche présentait trop de détails.
  • Les consignes au sujet du port du masque N95 n’étaient pas uniformes car les cliniciens de première ligne avaient modifié les affiches pour rendre l’information plus visible.

Il nous est apparu évident que nos pratiques devaient être améliorées.

Nouvelle affiche normalisée sur le port du masque N95

Nous avons invité un groupe de collègues – médecins, membres du personnel infirmier, thérapeutes, pharmacien, intervenant en travail social, agent de sécurité et chef d’équipe – à réfléchir à la question et créer un prototype d’affiche plus efficace.

Nous avons apposé la nouvelle affiche sur la porte d’une chambre. Dans l’ensemble, les commentaires étaient positifs, mais la solution n’était pas parfaite. C’est alors que nous avons fait appel à la direction de la prévention et du contrôle des infections et à l’équipe des communications. Ensemble, nous avons peaufiné l’affiche et le résultat s’est avéré beaucoup plus satisfaisant — un gros losange jaune avec l’unique mention « N95 ».

La nouvelle s’est répandue. Toutes les portes de chambres de notre unité en sont maintenant munies, en tout temps; il suffit de les retourner lorsqu’un masque N95 est requis. Tout affichage superflu a été retiré pour bien mettre la consigne en évidence.

Nous sommes particulièrement fiers de la longévité assurée de notre projet ponctuel et collectif d’amélioration continue de la qualité : notre affiche est en usage partout où le port du masque N95 est obligatoire dans l’hôpital, y compris à l’unité de soins intensifs et dans les unités de soins.

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Projet d'amélioration : L'évolution d'une affiche d'hôpital

Toutes les photos ont été fournies par les Drs Wong et Stroud

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Photo shows five pages taped to a door. Three of these papers have images of stop signs on them, in various sizes. One of the pages has a yellow diamond on it with a stop sign.

Voici un exemple-type de l’ancien affichage sur une porte de chambre au Centre des sciences de la santé Sunnybrook. L’affiche montrant un losange jaune désignait l’obligation de porter un masque N95 avant d’entrer.

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Photo shows multiple pages taped to a door. Space has been cleared around one page: the N95 reminder sign.

Nous avons d’abord tenté de retirer les affiches superflues pour attirer l’attention sur cette affiche en particulier.

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Photo shows a close up of the N95 reminder sign. There is a lot of text in small font, a small stop sign and two image icons depicting that a mask and face shield should we worn.

Outre le fait que la consigne du port obligatoire d’un masque N95 risquait de passer inaperçue, elle n’était pas claire : la police de caractères était trop petite et l’affiche présentait trop de détails.

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Photo shows a close up of the N95 reminder sign with “N95” handwritten twice in permanent marker across the top.

Des cliniciens de première ligne ont donc cherché des moyens de rendre l’information plus visible. Par exemple, cette photo indique l’ajout du terme « N95 » au marqueur.

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Photo shows the N95 reminder sign with a second paper posted beneath it with “N95” handwritten in permanent marker, filling the full page.

Quelqu’un a apposé une feuille portant l’inscription « N95 » pour que la consigne soit plus évidente: cette solution s’est répandue de porte en porte puisque l’affiche officielle n’était pas suffisamment évidente.

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Photo shows a door cluttered with eight pages. One of the pages has an image of a stop sign on it with the words “AIRVO” and “N95” handwritten next to it in permanent marker.

D’autres ont ajouté les termes « AIRVO » et « N95 » sur l’affiche présentant un gros symbole « STOP » pour attirer l’attention.

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Photo shows Dr. Lynfa Stroud holding a prototype of the new N95 reminder sign. The sign is red and shows a simple black outline of a triangle with the text “N95” encased in it.

Des intervenants de l’unité COVID du Centre des sciences de la santé Sunnybrook – des médecins, des membres du personnel infirmier, un pharmacien, un agent de sécurité et le chef d’équipe – ont réfléchi à la question et ont créé un premier prototype de la nouvelle affiche, avec la mention « N95 » à l’intérieur d’un losange.

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Photo shows a door with six pages on it. One of the pages is the red sign created as the new prototype of the N95 reminder sign.

On a apposé la nouvelle affiche sur la porte d’une chambre, pour commencer. Le prototype a suscité beaucoup de commentaires positifs, mais on a proposé de changer la couleur.

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Photo shows the updated prototype of the N95 reminder sign. It is a bright yellow diamond with a black outline. Encased in the diamond is the text “N95” in big black font.

Voici la nouvelle affiche en usage, créée à partir des commentaires reçus, avec le soutien de la direction de la prévention et du contrôle des infections et de l’équipe des communications de l’hôpital. On l’utilise maintenant partout au Centre des sciences de la santé Sunnybrook.

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Photo shows the new yellow diamond-shaped N95 reminder sign posted on a door, with space cleared around it.

Voici la nouvelle affiche apposée sur toutes les portes de chambres, en tout temps, de sorte que l’on peut changer rapidement de masque lorsqu’un « N95 » est requis. Tout affichage superflu a été retiré de la porte.

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Conseils pour résoudre des problèmes dans un souci d’amélioration de la qualité

  • Avoir conscience des améliorations possibles : Chaque fois que quelqu’un propose une solution de rechange, comme ce fut le cas avec les affiches improvisées de notre récit, voyez-le comme un projet d’amélioration.
  • Ne cherchez pas de solutions rapides : L’amélioration de la qualité exige d’abord que l’on comprenne d’où vient le problème; on évitera ainsi que la solution envisagée le reproduise.
  • N’apportez pas de changements irréversibles : Préparez-vous à essayer et modifier des prototypes, voire à vous avouer vaincus. L’amélioration continue de la qualité porte bien son nom!
  • Communiquer et collaborer avec les intervenants : Reconnaître que l’ACQ est une activité d’équipe, et qu’il faut prendre en compte le point de vue de collègues interprofessionnels pour trouver une meilleure solution.
  • Laissez libre cours à l’innovation improvisée : Si vous ne courez aucun risque évident, ne réfléchissez pas trop longuement. N’hésitez pas à apporter un changement ponctuel de moindre envergure pour résoudre un problème (et soyez ouverts aux commentaires!)

Notre projet d’amélioration de la qualité n’était pas banal, mais il illustre bien la façon dont on peut exploiter la résolution de problèmes au quotidien. Nous sommes convaincus que vous êtes nombreux à avoir vécu des expériences similaires, dans le cadre de divers projets (petits et grands) durant la pandémie de COVID-19. Nous espérons que notre récit et la note d’orientation ci-dessous vous inciteront à consigner vos propres expériences en vue d’obtenir des crédits de MDC au titre de la section 3.

Dre Lynfa Stroud et Dr Brian Wong (photo soumise)

Brian Wong, MD, FRCPC, occupe un poste à temps plein en médecine interne générale au Centre des sciences de la santé Sunnybrook de Toronto (Ontario), et il dirige le Centre d’amélioration de la qualité et de la sécurité des patients (C-QuIPS) de l’Université de Toronto.

Lynfa Stroud, MD, FRCPC, est chef de la Division de médecine interne générale au Centre des sciences de la santé Sunnybrook de Toronto (Ontario).


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